Na-NoWri-Mo - Week 2 - Ψ-log

_.-| Aurora 3 |-._ 


Psy-Logram SEPI, day 72, (5.29.2015)

//log-in time// 05:48 a.m. GMT

Ψ-log says : *Welcome Prof. L. CHIARA, please enjoy your first entry on Psy-Log* (Tip : press F1 to reach the HELP menu)

Prof. L. CHIARA says :


*Ave, psy-log, we meet at last*

Après tout, il semblerait que je sois normale. Je vois déjà s'élever le poing victorieux des membres de l'Institut à cette nouvelle (Lowe, Horowitz, Atala, c'est pour vous), peut-être même quelques billets mis en jeu changeront-ils de main. Le Dr. Aragan-Geuder m'avait donné un mois et même si j'avais cédé aux premières impulsions, je n'aurais quoi qu'il en soit pu m'offrir qu'une victoire de deux semaines sur ses prédictions. Ma fierté m'en a octroyé le double, mais il me semble inutile maintenant de lui laisser davantage de latitude. Là où je suis, la fierté n'a plus droit au chapitre. Alors, la Terre, me voilà. Souriez : vous avez gagné.

(Je tiens à partager les sommes engagées puis perdues par ceux qui avaient parié sur moi. Nous réglerons ça à mon retour.)

Ne m'en veuillez pas si je dois maintenant faire abstraction de mon lectorat pour que l'exercice ait une quelconque utilité.


06:00 a.m. (tapantes et GMT)

Rien à signaler sur la mission qui ne soit déjà dans le D-Log, et pour tout dire, il ne me viendrait pas à l'idée d'en parler ici. Ni à l'idée, ni à l'envie. Je crois d'ailleurs que tout vient de là, que c'est ce qui a fini par me décider : depuis que nous sommes partis, un rideau occultant a progressivement amorcé son retrait et maintenant qu'il a totalement déserté mon champ de vision, je perçois enfin ce qui se trouve au-delà. Ce qui s'est toujours trouvé au-delà.


Un bref historique s'impose.

Aussi loin que me ramène ma mémoire, j'ai toujours su que je voulais voyager dans les étoiles. La fée qui s'est penchée sur mon berceau jadis m'a jeté de grosses poignées de rêve sur le visage. Naturellement, j'ai dû essayer de m'en débarrasser, cela me semble être la réaction la plus naturelle, mais il faut croire que plus j'ai frotté mes yeux, plus la poussière s'y est incrustée.

J'ai grandi avec un plan net et précis devant moi, un projet de vie qui était entièrement mien. Je ne peux reverser la responsabilité sur aucune convention sociale à laquelle ma famille se serait pliée, ni à un idéal élitiste, ni à la réparation par procuration des frustrations parentales. Je suis ici parce que j'en ai envie, parce que j'en ai toujours eu envie, et parce que je me suis battue pour.

Mes parents auraient été heureux avec une avocate, une fleuriste ou une plombière et qui sait, moi aussi j'aurais peut-être été heureuse dans la pratique de l'un de ces trois métiers. Mais les circonstances en ont décidé autrement. Par 'circonstances', j'entendrais 'le sort', 'le destin', 'Dieu', si j'étais imbibée de la croyance qu'une quelconque instance supérieure et toute-puissante n'avait que cela à faire, déplacer l'infinité des formes de vies sur un grand échiquier cosmique en perpétuel mouvement pour la simple raison qu'elle aurait un plan pour chacune. Or je n'y crois pas.

Aux croyances, je privilégie les connaissances et ces dernières se limitent pour moi aux faits. Je ne peux remonter la trace de ces faits que jusqu'aux frontières floues entre mon subconscient et mes choix conscients. Au-delà de mes rêves et de leur impact tangible, la piste est froide et je n'ai jamais eu envie de poursuivre l'exploration dans ce sens. Certaines personnes sont nées pour l'introspection de leurs mécaniques internes, d'autres pour chercher le divin, ce qui revient probablement à la même chose, d'autres sont nées dans nul autre but que celui de vivre, d'autres enfin sont nées pour l'exploration ou, comme l'appelle le Dr. Argan-Geuder : la fuite. C’est un peu réducteur, mais dans l’essence, je ne pourrais pas lui donner tort.


Le terreau duquel je me suis nourrie est d'une variété que l'on ne trouve que dans le lit de l'enfance et sur lequel germe et pousse ce par quoi on l'irrigue. C'est la peur du vide et de l'ennui qui a transformé mon lit (donc mes rêves) en estuaire. J'engloutissais tout ce qui passait à proximité, sans faire ni tri ni distinction entre ce qui était ou non beau, bon, utile ou convenable. N'importe quoi aurait pu pousser sur ce limon, mais la poussière de fée s'est révélée être de la poussière d'étoiles et ce sont donc des galaxies entières qui se sont mises à proliférer autour de moi comme de la mauvaise herbe. Je les voyais en permanence, yeux clos ou grand ouverts.

A partir de là, tout est allé très vite. Une scolarité linéaire, sans loisir qui ne soit lié de près ou de loin à l'exploration spatiale et à la géologie, dont j'avais résolu de faire ma spécialité à la suite d'un documentaire visionné dans mon enfance qui avait pour sujet les éruptions volcaniques et qui m'avait conduite à collectionner les roches volcaniques et toutes sortes de pierres et cristaux. A onze ans, j'en avais fait le tour. A l’exception de l’orthose KAISI308, ou Pierre de Lune, plus aucun des cailloux présents sur terre ne présentait ni glamour ni mystère pour mon caractère avide et intransigeant. Alors je me suis mis dans la tête d'aller en chercher ailleurs. A suivi une adolescence sans écarts, galbée de toutes parts par le désir obstiné et solitaire de conditionner mon métabolisme et mon esprit à l'intégration d'un programme spatial. J'ai eu de la chance : l'un et l'autre ont répondu aux exigences. Paradoxalement consciente que mon éligibilité tiendrait aussi à ma capacité à entretenir des relations sociales équilibrées, j'ai fait le nécessaire, davantage par volonté de remplir à la perfection toutes les cases des prérequis que par la libre expression d'un naturel sociable. Ma volonté était mon seul tuteur, le zénith mon seul objectif et la gravité terrestre ma seule ennemie.

A me lire, on pourrait croire à une succession de contraintes, à un engrenage obtus, à la recherche de l'accomplissement d'un fantasme intellectuel outrancier et totalement dépourvu d'émotivité. Je n'ai jamais pris le temps de m'épancher, de me raconter, ou d'expliquer quoi que ce soit, à qui que ce soit, amis, flirts ou famille : j'avais d'autres priorités. Il est difficile de faire entendre après cela l'exaltation authentique qu'a pu me procurer cette quête constante. J'ai été heureuse, aussi heureuse que l'on peut l'être sur cette bonne vieille Terre et j'ai entretenu ce bonheur de façon égoïste. J'ai tout partagé : toit, biens matériels, amitié, mais la véritable source de mon épanouissement, mes étoiles, je les ai gardées pour moi. Longtemps, je me suis crue élue par elles et tout élu finit par se sentir seul comme un émissaire, portant en lui l'exclusivité des quintessences de sa civilisation natale et de celle qu'il(qui l')a adopté(e), le noyau de leurs traits communs et de leurs divergences, le code génétique de leur réciprocité, sans plus parvenir à se sentir appartenir à aucun des deux mondes. Je me suis crue l'interprète de la Terre et des Etoiles, sans plus vraiment savoir d'où j'étais originaire, sans jamais véritablement croire que le message dont j'étais porteuse (quel message au juste? je ne l'ai jamais su, mais quelle importance?) serait compris par les autochtones de mon point de chute.

Égoïste, solitaire, orgueilleuse et heureuse.


/name a cause for the following request : log-off/ *Daily training session and breakfast for the lot. I'll be back.*

//log-off time// 06:30 a.m. GMT 


Psy-Logram SEPI, day 72, (5.29.2015)

//log-in time// 10:24 p.m. GMT

Ψ-log says : *Welcome Prof. L. CHIARA, please enjoy your second entry on Psy-Log* (Tip : press F1 to reach the HELP menu)

Prof. L. CHIARA says :

*Reviendra, reviendra pas ? Reviendra. I guess i’m caught.*


t.b.c. 


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